Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 18 février 2018

Maris et Femmes - Husbands and Wives, Woody Allen (1992)

Jack et Sally annoncent à leurs amis Gabe et Judy qu'ils se séparent. La nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre et remet en cause les certitudes de ce quatuor d'intellectuels new-yorkais et de leurs amis. S'ensuit un chassé-croisé amoureux entre les différents protagonistes du récit.

Maris et femmes marque la fin d’une époque puisqu’il s’agit du douzième et dernier film que Woody Allen signe avec sa muse Mia Farrow. Le drame intime et la séparation se jouant en coulisse (en pleine production et où il fallut convaincre Mia Farrow d’accepter de revenir tourner la fin) offre dans le film des questions sur le couple aussi universelles que très impudiques sur la relation Woody Allen/Mia Farrow. Chacun des revirements des différents couples du film peut ainsi autant être ramené à des maux modernes, aux propres marottes de Woody Allen (et sa propension à s’amouracher de jeunes filles plus jeunes) et à son mode de fonctionnement très particulier avec Mia Farrow - bien que mariés ils vivaient séparément entre autre.

Le point de départ de la remise en question des différents personnages est l’annonce de leur séparation par Jack (Sydney Pollack) et Sally (Judy Davis) à leurs amis Gabe (Woody Allen) et Judy (Mia Farrow). La désinvolture de l’annonce bouleverse les certitudes de Gabe et Judy quant à la solidité de leur propre mariage. Woody Allen entrecroise la nouvelle jeunesse et le célibat décomplexé de Jack et Sally quand il ne constitue qu’un doux rêve et fantasme pour Gabe se rapprochant d’une étudiante l’idolâtrant et aussi Judy jetant dans les bras de Sally un homme (Liam Neeson) qui l’attire. 

La liberté et supposée modernité du couple séparé ne se vit pas si bien (Sally vivant mal la liaison immédiatement entamée par Jack après la séparation, ce dernier réagissant mal également par la suite pour la même raison) et le nouveau compagnon semble plus choisi pour l’antithèse qu’il représente du conjoint historique (la docile, sexy et écervelée prof d’aérobic en opposition à l’intellectuelle froide Sally ou le sensible Liam Neeson en contrepoint du plus macho Sydney Pollack). Ce bol d’air du couple traditionnel ne satisfait chacun que superficiellement tandis qu’à l’inverse Allen montre les conventionnels Gabe/Judy rester ensemble tout en refusant d’entériner leur union par un enfant et dont le bonheur n’est que façade.

Le très original dispositif filmique du film capture habilement toutes ses contradictions. Woody Allen imposent des codes documentaires qui poursuivent certaines idées de son Zelig (les témoignages face caméra des différents protagonistes) et réinventent sa mise en scène avec un style caméra à l’épaule assez heurtée, effet de flou et jump-cut. Il s’agit de capturer un sentiment sur le vif  ou avec un certain recul, Allen révélant les contradictions, espérances et regrets des personnages au fur et à mesure de l’intrigue. Le réalisateur ne retrouve une veine contemplative et romantique que pour illustrer les aspirations d’ailleurs concrétisées ou non. 

La ballade automnale de Gabe et Rain (Juliette Lewis) offre une belle scène de rapprochement mais c’est surtout le baiser à la lueur des bougies (avec le tonnerre et la pluie en arrière-plan) qui subjugue, magnifié par la photo de Carlo Di Palma. C’est avec une même sensibilité qu’il observe la beauté crispée, en attente puis épanouie de Mia Farrow. Maris et femmes s’avère en tout cas un film particulièrement personnel au moment où il est conçu et témoignant du tempérament angoissé de Woody Allen sur le couple où le bouleversement comme le statu quo ne garantissent pas le bonheur.

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony 


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