Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 24 août 2017

Bas les masques - Deadline - U.S.A., Richard Brooks (1952)


Le rédacteur en chef du Day, Ed Hutcheson, apprend que son journal va fermer et être vendu au propriétaire d'un tabloïd, The Herald. Une affaire criminelle impliquant un personnage véreux, Tomas Rienzi, va changer la donne.

La nature d’intellectuel engagé et la prédilection de sujets forts se confirme pour Richard Brooks avec ce vibrant plaidoyer pour le journalisme qu’est Deadline – U.S.A.. Le film s’inspire de vraie fermeture du journal New York World qui eut lieu en 1931, orchestrée par les fils de son prestigieux fondateur, Joseph Pulitzer. Le scénario de Richard Brooks part d’un même postulat avec son quotidien imaginaire The Day qui s’apprête à être revendu à la concurrence pour de basses manœuvres financière par les héritières de son fondateur. Le réalisateur passé par le journalisme avant d’intégrer le monde du cinéma y voyait un sujet majeur, tant dans l’expression de liberté et intégrité de la presse que d’une forme de réponse au maccarthysme au plus fort de ses méfaits à cette période.

Le personnage de rédacteur en chef Ed Hutcherson (Humphrey Bogart) représente ainsi toutes ses vertus face à l’adversité. The Day s’apprête ainsi à être vendu à un concurrent plus racoleur et par la même cesser son activité, la collusion économique étant vu comme une autre forme de pression pour entraver la liberté d’expression. Un dernier coup d’éclat pourrait pourtant relancer le journal en dénonçant les méfaits de Tomas Rienzi (Martin Gabel), personnage véreux orientant les élections par la violence et l’intimidation. La flamme du journaliste est ici ardente, elle ne pâlit que par intermittence (la veillée funèbre ironique et alcoolisée de la rédaction après l’annonce de la vente) pour repartir de plus belle dans ce qui constitue un vrai sacerdoce. Richard Brooks capture cela en promenant sa caméra dans l’ensemble du journal, de la frénésie de la rédaction au bruit assourdissant des rotatives en sous-sol. 

De façon plus intime on le ressent à travers la vie intime chaotique de Hutcherson, divorcé essayant de reconquérir sa femme (Kim Hunter) mais constamment rappelé à l’urgence de l’article en cours. Ce sacrifice s’exprime de manière sous-jacente par la rancœur qu’on devine chez les deux héritières qui vendent The Day autant par vengeance à ce journal qui leur a volé leur père que par intérêt financier. Les beaux personnages d’Ethel Barrymore et celui de Kim Hunter montrent des figures féminines modernes et nobles dans leur acceptation ou refus de partager un époux avec cette vocation (également dans une courte scène où Bogart croise la femme d’un journaliste hospitalisé pour agression) si accaparante.

Si Martin Gabel campe un mafieux un peu caricatural, la menace qu’il représente pour cette liberté d’expression apparaît dans quelques éclairs de violence de ses impitoyables hommes de main. Le travail d’enquête et d’investigation est assez simplifié et raccourci dans le cadre du film mais souligne intelligemment la conviction, la droiture et le ton rassurant que doit dégager le journaliste face aux interlocuteurs dont il souhaite soutirer des informations. Ainsi c’est un choix de ne pas avoir céder à la photo racoleuse du cadavre d’une victime qui amène la preuve définitive permettant de boucler l’affaire Rienzi lors de la conclusion. Un journal peut mourir mais jamais le pouvoir de l’information et la quête de vérité de ceux qui la délivre. 

 Sorti en dvd zone 2 français et Bluray chez Rimini

 

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