Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 11 avril 2017

Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? -The Reluctant Debutante, Vincente Minnelli (1958)

L'action se déroule durant la "London Season" de Londres, une institution multiséculaire débutant après la fête de pâques pour se terminer en aout et durant laquelle toute la bonne société britannique socialise lors de bals, diners, ou courses hippiques. A l'aéroport Lord Jimmy Brodbent accueille Jane, sa fille d'un premier mariage, élevée aux États-Unis. Elle fait la connaissance de sa belle-mère Sheila, une jeune femme élégante, futile et mondaine. Jane ayant 18 ans, Sheila décide de la faire débuter dans la société élégante avec présentation à la cour. Mais Jane n'apprécie ni les soirées mondaines ni les partis potentiels, à son goût trop guindés, que lui présente sa belle-mère. Mais Jane, au grand désappointement de sa belle-mère, s'éprend d'un musicien italo-américain à la réputation sulfureuse.

The Reluctant Debutante sort la même année que Gigi et bien que plus mineur explore également dans un cadre européen la découverte de l'amour d'une jeune fille pour Minnelli. Le film adapte la pièce éponyme de William Douglas-Home jouée en 1955, l'auteur signant d'ailleurs également le scénario en collaboration avec Julius J. Epstein. Dans l'ensemble le film a bien du mal à se départir de cette origine théâtrale même si le raffinement des décors et les atmosphères chatoyantes - décors de Jean d'Eaubonne, costumes de Pierre Balmain entre autres - maintiennent néanmoins les standards esthétiques de Minnelli.

L'intérêt repose plutôt sur le propos du film qui mêle les traditionnels doutes parentaux face à l'émancipation sentimentale de leur enfant mais aussi une critique acérée de la haute société londonienne. Jane (Sandra Dee) américaine par sa mère rejoint son père anglais (Rex Harrison) à Londres et fait la rencontre de sa nouvelle épouse Sheila (Kay Kendall). Ces retrouvailles après deux ans amène une appréhension à la fois pour le père confronté désormais à une vraie jeune femme, et pour Sheila cherchant l'affection de sa belle-fille. La transition et les liens pourront ainsi se nouer grâce à la "London Season", rite de passage où les jeunes filles découvrent le monde à travers les bals, les rencontres avec les garçons de bonne famille (et futurs époux potentiels) et le tout sous le chaperonnage attentif de leur parents.

Même si l'on peut regretter que le film ne s'attarde pas plus dans le détail des différents codes de ce rituel, Minnelli en capture néanmoins avec humour le rythme effréné et harassant (particulièrement dur à suivre pour le père joué par Rex Harrison) mais aussi la répétition et l'ennui pour Jane. Le titre importe plus que la conversation dans les rapprochements espérés par les parents, le scénario moquant tout autant la vacuité des jeunes hommes (David Fenner et sa conversation ne dépassant pas les problèmes de circulation) que celle de la mère superficielle et ambitieuse jouée avec délectation par Angela Lansbury.

Sous la légèreté le propos s'avère tout de même assez cinglant. La simple rumeur suffit à disqualifier le modeste David Parkson (John Saxon) dans sa conquête de Jane quand l'ouvertement libidineux David Fenner (Peter Myers) est absout de tous ses actes, dont un moment assez dérangeant où il harcèle Jane sous le regard bienveillant de Sheila. Tout à sa légèreté, le film n'approfondit cependant pas assez (peut-être est-ce le cas de la pièce passée au lissage hollywoodien) ces aspects qui auraient pu donner plus de force dramatique à l'ensemble.

Le but ici est surtout d'offrir un divertissement pétillant mais si le charme et la fragilité de Sandra Dee opèrent, les moments de lourdeurs ne manquent pas (l'interminable scène nocturne dans l'appartement) et sorti de sa beauté ténébreuse, John Saxon (loin de ses futurs rôles de dur à cuire) est assez transparent et fait plutôt office de Louis Jourdan du pauvre. Cela en atténue les émois de l'héroïne et le dilemme amoureux face à un prétendant si terne. Pas un mauvais moment donc mais un Minnelli très mineur (mais resté assez populaire au point d'avoir son remake en 2003) tout de même.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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