Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 12 avril 2016

La Proie - Cry of the City, Robert Siodmak (1948)

Blessé dans un affrontement avec les forces de l'ordre, au cours duquel il a tué un policier, Martin Rome est hospitalisé. Le lieutenant Candella, originaire comme Rome du quartier italien de New York, Little Italy, et camarade d'enfance du malfrat, cherche à savoir où se trouve Tina Riconti, son amie et présumée complice

Après avoir montré ses exceptionnelles aptitudes dans le film noir tant dans sa veine atmosphérique (Phantom Lady (1944)), tragique (Les Tueurs (1946)) que psychanalytique (Double énigme (1946)), Robert Siodmak arpentait l'asphalte new yorkaise pour tâter de du versant polar urbain du genre. Prêté par la Universal à la Fox, Robert Siodmak se plie donc aux standards réalistes du studio dirigé par Darryl Zanuck. On s'éloigne donc des ambiances tortueuses des essais précédent pour un très concret duel moral dans les ruelles du quartier de Little Italy. Martin Rome (Richard Conte) a surmonté son extraction modeste par le crime quand le lieutenant Candella (Victor Mature) issu du même milieu et qui le traque aura choisi le chemin de la loi. Le début du film semble lui donner raison alors que Martin est à l'agonie après une fusillade où il a abattu un policier.

Surmontant tant bien que mal ses blessures, Martin va néanmoins survivre et tenter une évasion. Le scénario ingénieux joue à la fois d'un destin capricieux et des bas-instincts intacts du malfrat qui va retourner le piège tendu par un avocat véreux pour récupérer le butin d'un vol dont on cherchait à l'accuser quand il était à l'agonie. L'entourage de Martin dépité de Martin (sa famille et sa petite amie) semble au départ humaniser le criminel mais sert peu à peu à révéler son égoïsme. Les échanges entre le flic et le truand sont remarquable, Candella balayant l'excuse sociale qu'argue Martin quant à ses mauvais penchants. Il a voulu la grande vie et l'a menée par tous les moyens sans se soucier de ses proches.

Siodmak salue ainsi l'instinct de survie de Martin à travers le jeu malicieux et sournois de Richard Conte, mais c'est pour mieux détruire ce relatif capital sympathie dans les actes de violence du personnage. Il sèmera ainsi le chaos tant par ses crimes que par les naïfs et/ou désespéré qu'il entraîne dans sa spirale criminelle. Le réalisateur place ses deux héros à égalité dans leur rapport à la rue et la mise en scène n'épouse l'approche réaliste de la Fox que dans l'intégration des protagonistes à cet environnement urbain et à ses habitants. Chacun à leur tour dissimulé dans la pénombre des ruelles dans leur jeu de chat et de la souris, ils seront affaiblis et blessé de la même manière au fil du récit.

Mais quand Victor Mature même vacillant conserve la dignité de la droiture et justice qu'il représente, Richard Conte voit son éclat initial se ternir par une pesante solitude et une faiblesse qui en fait la proie de la terrible matrone incarnée par une Hope Emerson adepte de la strangulation. Tout le film est imprégné de cet affrontement moral, où la réussite de l'enquête sera un sacerdoce pour Victor Mature quand elle ne sert qu’un larcin égoïste de plus pour Richard Conte. L'ultime confrontation n'en est que plus intense à travers ces enjeux, Robert Siodmak les ayant amené par une habile et touchante (très belle figure de mère) réflexion sociale.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta 

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