Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 25 mars 2016

Les Poupées du diable - The Devil-Doll, Tod Browning (1936)

Victime d'un complot ourdi par ses associés, le banquier Paul Lavond est envoyé au bagne. En prison, il fait la connaissance d'un chimiste génial qui a découvert un procédé permettant de rapetisser les animaux. Les deux hommes parviennent à s'enfuir. Maintenant libre, Lavond entreprend de se venger en appliquant l'invention du chimiste à ses anciens associés, qu'il souhaite réduire à l'état de Lilliputiens.

Avant-dernier film de Tod Browning, Les Poupées du diable constitue un nouveau classique du cinéma fantastique pour le réalisateur. Le film adapte le roman Burn Witch Burn de Abraham Merritt pour une histoire mêlant habilement fantastique et récit de vengeance. C'est précisément le surnaturel qui rend la vengeance réalisable avec le bagnard Paul Lavond (Lionel Barrymore) usant de l'invention du codétenu avec lequel il s'évade pour punir ses anciens associés responsable de sa déchéance. La faculté de Browning à déstabiliser avec des images défiant la logique fonctionne à plein ici, où après la simple étrangeté de la vision de chiens miniaturisés le vrai malaise s'instaure en appliquant le principe à une malheureuse servante. Sous son allure frêle la folie du savant (Henry B. Walthall) et de son épouse et assistante Malita (Rafaela Ottiano) interpelle, le peu de cas fait de leur cobaye rendant le prodige plus dérangeant que poétique.

Tout le film tourne autour de ces sentiments contrastés, Paul Lavond s'avérant tour à tour touchant de détresse face aux conséquences de son long emprisonnement (sa mère vivant dans la misère, sa fille jouée par Maureen O'Sullivan qui lui tient une rancœur tenace) puis impitoyable dans l'exécution de sa vengeance. Une dualité qu'on retrouve aussi dans son travestissement en vieillarde avenante qui lui permet d'amadouer ses interlocuteurs et passer entre les mailles de la police. C'est surtout dans la contradiction entre l'allure innocente et angélique des poupées et les crimes sordides qu'elles sont téléguidées à faire que Tod Browning sert les visions les plus stupéfiantes.

Browning fit concevoir des décors gigantesques au le directeur artistique Cedric Gibbons pour un saisissant jeu sur les échelles qui donne aussi à ces séquences une aura étrange, cauchemardesque et finalement dépourvues de tout émerveillement. Cet aspect se dévoile parcimonieusement (la scène où Malita fait danser les deux poupées) par la grâce de stupéfiants effets spéciaux (hormis les ombres les incrustations son vraiment parfaite pour l'époque), mais c'est la dimension menaçante et inquiétante qui domine notamment par un crime nocturne brutal.

La résolution jouera également sur plusieurs gammes d'émotions, le chaos pour les vrais monstres guidés par la seule expérience, l'apaisement pour les plus innocents et une belle fin ouverte où l'on peut aisément imaginer un Paul Lavond apaisé se retirer définitivement.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

2 commentaires:

  1. J'aurais bien aimé voir ce film, qui devait passer au Cinéma de minuit(Cycle Films fantastiques), mais qui fut remplacé par La fidélité, en hommage au réalisateur Andrzej Zulawski. J'espère avoir une autre occasion de le voir, d'autant que tu en dis le plus grand bien, ce qui suscite d'autant plus mon intérêt.

    Pour changer de sujet, je constate que tu es passé (enfin ?, la lecture de ton précédent roman était-elle si laborieuse, cela ne m’incite guère à le lire) à un autre roman. J'ai lu Le bouc émissaire de Daphné du Maurier il y a quelques années, et s'il n'est pas son roman le plus connu de sa bibliographie, j'en ai gardé un bon souvenir. A-t-il été adapté au cinéma ?

    Sur ce, je te souhaite une bonne lecture (et un bon dimanche, par la même occasion).

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    1. "Les Poupées du diable" passe finalement le 11 avril au Cinéma de Minuit tu vas pouvoir le découvrir !

      Et sinon oui j'ai eu du mal à venir à bout des "Mystères d'Udolphe", héroïne pleurnicheuse, intrigue qui met un temps fou à se mettre en route et description de trois pages du moindre décor même si Ann Radcliff a un vrai sens de l'atmosphère. J'avais nettement préféré "Les Mystères de la forêt" qui a déjà ces éléments là mais dans une veine plus trépidante et feuilletonesque, celui-là je te recommande vraiment. Mais bizarrement c'est plutôt "Les Mystères d'Udolphe" le plus réputé et considéré comme un classique de la littérature gothique.

      Le Bouc Emissaire pour l'instant je me régale vraiment très prenant et effectivement ça a été adapté au cinéma avec Alec Guiness et Bette Davis par Robert Hamer. En plus c'est réalisé par l'excellent Robert Hamer je crois que je vais me laisser tenter c'est sorti en dvd

      http://www.amazon.co.uk/Scapegoat-DVD-Region-US-NTSC/dp/B0085A9JMW/ref=sr_1_2?s=dvd&ie=UTF8&qid=1459081292&sr=1-2&keywords=The+Scapegoat

      Merci et bon dimanche à toi aussi ;-)

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