Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 15 janvier 2015

Avere vent'anni - Fernando Di Leo (1978)

Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu'elles ont beaucoup en commun. Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors elles décident de faire du stop.

Réalisateur de très féroces polars à l’époque de l’avènement du genre en Italie (surnommés poliziottesco dans leur équivalent local), Fernando Di Leo signe son œuvre la plus controversée avec cet Avere vent'anni. Le film scelle avec brutalité et cynisme tout l’hédonisme, l’utopie et le sentiment de liberté associé aux années 70. Le titre italien signifie « avoir vingt ans » et est synonyme d’insouciance à l’image de nos deux héroïnes : la brune Lia (Gloria Guida) et la blonde Tina (Lilli Carati). Enjouée, libérée sexuellement et sans attaches, les filles sont avides d’expériences. La trame un peu lâche les voit ainsi s’adonner à des excès divers, se sentant toute puissante du haut de leur physique attrayant. Di Leo se délecte de la plastique impeccable de ses deux actrices à coup de contre-plongée sur leur short moulant, de plans appuyée sur leurs hauts transparents quand il ne cède pas à de longue scène de nudité et de sexe. Les personnages sont supposés symboliser un idéal de liberté mais Di Leo force tellement sur leur vulgarité (les fameux plans racoleurs) et les utopies semblent si superficielles (le clichés de communautés hippies débitant des mantras ridicules) que l’on sent dès le départ une certaine distance.

La rébellion de Tina et Lia semble terriblement creuse, que ce soit dans la moquerie d’un certain féminisme (la séquence où elles sont filmées et racontent/inventent leur parcours à la communauté) ou dans les provocations. Le trait semble toujours trop forcé pour convaincre notamment les scènes de sexe filmées comme un porno vulgaire où la notion de communion, de plaisir et d’abandon est absente. Nos héroïnes semblent en représentation permanente, semant la zizanie partout où elles passent, aguichant les hommes par jeu ou parfois par ambition. L’ensemble du film fonctionne comme une grosse comédie potache et sexy, mais ce regard déformant tout au long du récit va trouver une conclusion traumatisante où le machisme barbare va apporter une terrible réponse.

Le fond et la construction du film sont donc particulièrement ambitieux mais l’implication n’y est pas. En forçant le trait dans la caricature, Di Leo nous rend extérieur aux évènements notamment à cause de l’interprétation tapageuse du duo féminin dont l’outrance jamais subtile ne rend guère attachant. La fin est certes marquante mais plus par la violence de la situation que par une réelle émotion pour les personnages. Di Leo a finalement fait une œuvre trop limitée par son concept mais qui ne vit pas réellement. Une démonstration mais sans âme et tirant en longueur. Sur un sujet voisin, Jean-Claude Brisseau aura signé un film bien plus brillant avec le plus récent Choses Secrètes (2001).

Sorti en dvd zone 2 italien chez Raro avec une version italienne et une anglaise sous-titrée italien, le dvd contint la version nons censurée du film.

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