Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 3 juillet 2014

Niagara - Henry Hathaway (1953)

Ray et Polly Cutler sont en séjour à Niagara Falls. Ils font la connaissance de George et Rose Loomis, un couple au bord de la rupture. Rose annonce la disparition de son mari aux Cutler et a la désagréable surprise de reconnaître à la morgue le cadavre de son amant...

Niagara est le film qui met définitivement sur orbite la carrière de Marylin Monroe à Hollywood. L’actrice avait auparavant su se faire remarquer par sa présence sensuelle dans Eve (1950) de Mankiewicz, Quand la ville dort (1950) de John Huston et également se montrer sous un jour comique dans Chérie je me sens rajeunir (Howard Hawks, 1952) comme dramatique sur Troublez-moi ce soir (Roy Ward Baker, 1952). Niagara la voit enfin se placer en tête de distribution, les circonstances ayant jouée en sa faveur. Anne Baxter se désiste ainsi au profit de Jean Peters et James Mason (sa fille ne souhaitant pas voir son père mourir une fois de plus à la fin d’un film) à celui de Joseph Cotten.

Les remplaçants sont d’excellents comédiens mais pas réellement de grande star et du coup le scénario évoluera pour mettre de plus en plus en avant le personnage de Marilyn.
On remarque largement cette orientation où un banal récit d’adultère et de vengeance se voit relevé par son cadre flamboyant (les chutes du Niagara bien sûr) et la présence vénéneuse de Marylin. Alors que son sex-appeal se popularisera surtout dans le registre de la blonde ingénue attachante (Sept ans de réflexion (1955), Certains l’aiment chaud (1957), il est étonnant de voir que son premier vrai succès sera dans un rôle négatif et mémorable de femme fatale.

Epouse d’un homme instable et désespérément amoureux, Marilyn Monroe incarne ici une femme manipulatrice et détestable qui va monter un stratagème complexe afin d’éliminer l’encombrant mari et fuir avec son amant. Seul obstacle à ses projets, le couple voisin  de son bungalow et plus particulièrement Polly (Jean Peters) qui va découvrir son double visage adultère. Rien de bien original donc si ce n’est que Henry Hathaway met toute sa mise en scène au service des formes de Marylin. Sa première apparition témoigne autant de l’attrait que de l’hypocrisie du personnage avec cette pose lascive dans son lit avant de faire semblant d’être endormie lors du retour de son époux dans la chambre. 

Hathaway s’entendit merveilleusement avec Marilyn et contribua en partie au mythe en lui suggérant notamment sa fameuse démarche dandinée qu’il saisit dans un long plan fixe où il la suit avançant jusqu’au fond du cadre, nous plaçant dans une sorte de vision subjective du mâle incapable de détacher le regard de cette créature de rêve. Hathaway joue là-dessus dans ce registre agressif et voyant (cette robe rose criarde et des plus moulantes) mais sait faire preuve de plus de subtilité pour signifier l’emprise de Marilyn comme ce moment où une Jean Peters plutôt avenante allongée et en maillot de bain se voit surplombée par l’ombre de Marilyn hors-champ avant que son apparition effective ne l’éclipse complètement.

Le scénario n’aura pas complètement su s’adapter à cette donne puisque l’on a presque l’impression que le film dure une demi-heure de trop avec le personnage de Marilyn absent de la dernière partie où la prestation torturée de Cotten et une Jean Peters trop lisse ne suffisent pas à maintenir l’intérêt en dépit d’un climax en bateau plutôt intense au bord des chutes. Le film s’est donc conclut avec la mort flamboyante de Marylin dans la salle des cloches d’une église, Hathaway déployant une mise en scène virtuose et expressionnisme où les jeux d’ombres, le décor extraordinaire et la vue en plongée quasi divine offre une scène de meurtre absolument fabuleuse. 

Henry Hathaway fort satisfait d cette collaboration cherchera à retravailler avec Marilyn sur son film suivant, L’Ange Pervers adapté de Somerset Maugham. Darryl Zanuck patron de la Fox y mettra son veto (Kim Novak jouant finalement le rôle) et enterrera par la même occasion la promesse de rôles plus complexes pour Marilyn qui avait pourtant montré qu’elle en avait l’envergure. Niagara sera en tout cas un grand succès que confirmera l’actrice quelques mois plus tard avec Les Hommes préfèrent les blondes (1953) d’Howard Hawks.

Sorti en dvd zone 2 chez Fox

2 commentaires:

  1. vous écrivez "Quand la ville dort" (1950) de John Huston.
    C'est une plaisanterie ! Vous vouliez écrire "The Misfits"
    qui est son plus grand Huston, et aussi son plus beau film. Dans ceux que vous citez elle ne fait que de courtes apparitions insignifiantes …

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  2. Vous avez lu en diagonale je pense, quand je parle de "La ville dort" j'évoque aussi les autres films qui ont permis l'ascension de Marilyn Monroe AVANT qu'elle ne tourne Niagara. The Misfts a été tourné bien après alors qu'elle état alors déjà devenue une très grande star.

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