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jeudi 24 juillet 2014

Jardins de pierre - Gardens of Stone, Francis Ford Coppola (1987)


En 1966, le sergent Clell Hazard (James Caan) et le sergent-major Goody Nelson (James Earl Jones), déjà vétérans de la guerre du Vietnam, sont cantonnés au bataillon de parade à Washington. Ils ont sous leurs ordres de jeunes recrues qui officient aux innombrables enterrements de soldats morts au Vietnam au cimetière militaire d’Arlington. Quand débarque un jeune soldat militaire jusqu'au bout des ongles, Jackie Willow (D.B. Sweeney), fils d’un vieil ami de Hazard, celui-ci le prend sous son aile malgré leurs divergences d’opinion sur la guerre en cours.

Huit ans après son mythique Apocalypse Now, Francis Ford Coppola abordait de nouveau la Guerre du Vietnam dans ce plus sobre et intimiste Jardin de pierre. Adapté d'un roman de Nicholas Proffitt, le film dans son traitement s’avère être l'anti Full Metal Jacket dont on pourrait le rapprocher et sorti en cette même année 1987. L'intrigue se déroule également dans une sorte d'antichambre de la Guerre du Vietnam avec un bataillon de transition pour de jeunes soldats avant une éventuelle affectation sur le terrain. C'est la section "Parade" où de jeunes recrues officient aux enterrements des soldats mort au front dans le cimetière militaire d'Arlington.

Une manière d'échapper momentanément à l'épreuve du feu pour les jeunes soldats avec une formation sévère mais bon enfant tandis que les officiers chevronnés et ayant fait leur temps y trouvent également un forme de retraite paisible. Tout le monde n'y trouve pourtant pas son compte te le jeune soldat Jackie Willow (D.B. Sweeney), fils de soldat aux rêves de grandeur, médailles et héroïsme. Il va se lier d'amitié avec le Sergent Clell Hazard (James Caan) qui n'aura de cesse de refréner ses ardeurs. Hazard est revenu de deux longues affectations au Vietnam et vit mal sa position privilégiée. Il vit une situation contradictoire puisque tout en n'approuvant pas ce conflit aux enjeux incertain, il pense néanmoins que sa place est sur le terrain et ronge son frein dans ce quotidien trop paisible.

Les personnages semblent être des anachronismes dans cette Amérique post-Kennedy désillusionnée où le temps des héros et des guerres justes semble révolu. Le film n'est donc pas antimilitariste mais s'interroge à travers le personnage de Caan respectueux de l'institution mais mitigée quant à ses objectifs. Caan est excellent pour exprimer cette dualité, capable de nouer une relation amoureuse avec une pacifiste farouche (Anjelica Huston) tout se confrontant violemment à un civil critiquant le corps de l'armée. On a donc une vision chaleureuse de cette corporation, constituant un beau récit initiatique pour Willow moqué, encouragé et au final soutenu par ses supérieurs (James Earl Jones est des plus savoureux également) reconnaissant ses qualités.

Willow est la droiture et franchise incarné, autant par la conviction de sa vocation militaire que par ses amours avec la très belle romance entretenu avec Mary Stuart Masterton. Willow est un héros en puissance dans une époque et un conflit qui n'en a pas/plus besoin et ce sera son drame, toute la dimension romanesque du personnage étant vouée à un brutal retour à la réalité. Ne montrant la guerre que via des images d'actualités, Coppola fait pourtant courir ce désenchantement tout au long du film. L'issue cruelle est connue dès le départ et n'en rend que plus tragique les grandes aspirations de Willow, cette désillusion se traduisant par sa voix-off des lettres qu'il envoie à Hazard du Vietnam et où l'on constate une amertume et impuissance loin de l'exaltation de départ.

Coppola retrouve vraiment la tendresse et la veine intimiste de ses meilleurs films des 80's (Peggy Sue s'est mariée (1986), Outsiders (1983)), délaissant les expérimentations pour une sobriété au service des personnages. Les beaux moments ne manquent pas : Willow apprenant la mort de son père, le rendez-vous amoureux de Willow contrariée par une manœuvre militaire impromptue ou la première rencontre entre James Caan et Anjelica Huston. Tout cela fonctionne dans une sorte d'attente, d'aparté idéalisé (la photo de Jordan Cronenweth baigné du voile du souvenir, le thème musical mélancolique de Carmine Coppola) avant qu'une impitoyable réalité reprenne ses droits.

Sorti en dvd zone 1 et doté de sous-titres français

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