Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 10 avril 2014

Jewel Robbery - William Dieterle (1932)


Une baronne de l'aristocratie viennoise se retrouve malencontreusement présente lors d'un vol de bijoux. Elle est la première surprise lorsqu'elle prend conscience de son attirance pour le voleur, alors que ni son mari ni son amant n'ont réussi à rallumer la flamme. Son seul intérêt résidait dans les bijoux. Désormais, sa passion pour ce criminel va la mener vers une vie plus folle...

Un délicieux Pre Code qui fait briller le cocktail si cher à Lubitsch où s'entremêle cadre de la haute société, cupidité et romantisme aussi piquant qu'inattendu. A cela s'ajoute la dimension amorale assumée typique du Pre Code qui rend l'ensemble si irrésistible. La baronne Teri Von Horhenfels (Kay Francis) est lasse de son existence nantie et frivole où mari vieillissant, amants et caprice luxueux ne suffisent plus à tromper son ennui. Le personnage assume pourtant avec lucidité cette vacuité qu'il a grandement recherchée par paresse et cupidité mais qui désormais ne lui suffit plus. A mes yeux, je suis superficielle. Je papillonne toute la journée de fourrures en bijoux. Je ne souffre même pas, sinon d'ennui.. Kay Francis enchante d'emblée dans ce registre glamour, séducteur et lascif où sous la superficialité se devine une vraie mélancolie.

On est sous le charme de cette présence charnelle dès sa première apparition où elle passe à demi nue entre les mains de ses domestiques la préparant à sa prochaine sortie, l'achat d'un luxueux bijou. C'est là que sa route va croiser la route d'un voleur (William Powell) venu dévaliser la bijouterie et dont elle va tomber sous le charme. Il faut dire que le bougre commet son délit d'une main de velours, l'allure élégante et tout en petite phrases spirituelles qui détendent ses victimes sans jamais altérer sa détermination à les détrousser. William Powell (qui avait déjà partagé l'affiche avec Kay Francis dans Voyage sans retour de Tay Garnett l'année précédente) est toujours aussi à l'aise dans ce registre séducteur qui lui est coutumier, faisant preuve d'un bagout et d'une élégance folle. Pourtant lui aussi dans un registre plus discret et propre au caractère dissimulateur d'un cambrioleur laisse perler un certain manque au détour de quelques répliques cyniques et de réactions surprenantes (sa reculade devant le baiser exigé par Kay Francis, comme effrayé de ce qu'il semble ressentir).

Dieterle organise cette séduction mutuelle en deux rencontres, où chacun des deux héros aura l'occasion de provoquer l'autre et bousculer ses certitudes. La première rencontre sera donc celle de la bijouterie où l'étincelle renaît dans le regard pétillant de Kay Francis qui nullement effrayée par son détrousseur, multiplie les raisons de prolonger le hold-up. La seconde voit notre voleur quelque peu ébranlé s'inviter chez la baronne, l'argument de cupidité laissant deviner les sentiments naissant.

L'alchimie entre William Powell et Kay Francis est absolument remarquable, Dieterle maintenant une tension érotique permanente par le jeu et la gestuelle des acteurs (Kay Francis bien décidée à rendre fou le spectateur par ses poses provocantes et cette infernale robe à dos nu), les jeux de regard et un festival de dialogues à double sens dont ce mémorable Ne nous privons pas d'agréable préludes lorsque Powell mettra trop d'empressement à la déshabiller/vider la pièce de tous ses objets de valeurs. Leurs temps ensemble est compté et c'est un plaisir qui est à savourer dans cet environnement de luxe propre à dissimuler leurs réel émois.

Tous les personnages secondaires sont des pantins dont il est bon de se moquer et ridiculiser par des gags hilarants (le gardien qui se meut en porteur docile pour notre voleur) et incroyablement osé lorsque Powell détend ses victimes en leur offrant volontiers des "cigarettes qui font rire". Les codes sociaux sont définitivement bousculés dans le merveilleux final où sans se délester de leurs travers la promesse de retrouvailles est annoncée par un regard complice de Kay Francis.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacré au Pré Code

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