Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 21 décembre 2013

Tam Lin - The Ballad Of Tam Lin, Roddy McDowall (1970)

L'inspiration de la ballade écossaise de Tam Lin, un guerrier des Borlands qui, tombé amoureux de la fille d'un pasteur, défie le Diable et rompt son serment.

Son exil en Europe puis la rupture de son contrat avec la MGM aura donné un tour différent à la carrière d'Ava Gardner durant les 60's. Courant les cachets avantageux qui lui étaient refusé lors de sa période MGM, la star s'illustre dans des productions luxueuses comme Les 55 Jours de Pékin (1963) de Nicolas Ray ou Mayerling de Terence Young (1968) qui exploite finalement plus son statut d'icône que ses talents dramatiques. Seul son ami John Huston saura encore lui proposer de grands rôles notamment dans La Nuit de l'Iguane (1964), le segment de La Bible (1966) où elle joue une magnifique Sara et Juge et Hors-la-loi (1972) qui donne un tour bien plus touchant à cette facette d'icône. Alors que des Bette Davis, Olivia de Havilland ou Joan Crawford se refont une santé chez Robert Aldrich (Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Chut... chut, chère Charlotte (1964)) ou qu'une Audrey Hepburn saura magnifiquement vieillir à l'écran (Voyage à deux (1967) de Stanley Donen, La Rose et la Flèche (1976) de Richard Lester), Ava Gardner passe un peu à côté des cinéastes de la nouvelle génération, excepté Sept jours en mai (1964) de John Frankenheimer où elle tient un petit rôle. Installée à Londres depuis 1968, l'actrice voit l'occasion de se reconnecter à une certaine modernité avec cet étrange film qu'est Tam Lin tout en donnant un tour plus torturé à son image de beauté surnaturelle inaccessible.

Le film est une transposition moderne d'une légende du folklore écossais, La Ballade de Tam Lin. Celle-ci voit Tam Lin, guerrier écossais, tomber sous le charme de la Reine des Fée qui le retient en captivité durant de longues années. Seule une femme l'aimant d'un amour véritable saura le faire échapper à sa prison. La légende se voit ici revue et corrigée à la sauce Swinging London et psyché par un Roddy McDowall dont ce sera la seule réalisation. Micki Cazaret (Ava Gardner) est une femme richissime qui malgré son âge mûr vit entouré d'une cour de jeune hippie qui l'idolâtre et la suit partout. Parmi eux, elle a jeté son dévolu sur Tom Lynn (Ian McShane) son amant soumis et aimant depuis de longues années.

Le film s'ouvre sur une eux enlacé au lit et malgré le contexte tendre, le poids et l'étreinte de l'amour que voue Micki à Tom se ressent déjà même si celui-ci passif n'a pas l'ai de s'en plaindre. Cela va changer lorsque Micki va emmener sa troupe dans son château écossais, le contexte laissant ainsi progressivement s'installer l'intrigue de la ballade de Tam Lin. Roddy McDowall laisse largement la modernité envahir ce cadre solennel, que ce soit les tenues criardes et multicolores de tout le monde, le parfum d'hédonisme ambiant de cette communauté et l'érotisme prononcé de certaine séquence.

Déesse pour lesquels quiconque se damnerait dans des films comme Pandora, Ava Gardner prolonge cette image ici (somptueuse scène où elle déambule dans la nature en robe longue multicolore) mais McDowall la déforme progressivement, l'allégeance et soumission des prétendants subjugués étant remplacé par la crainte de son courroux d'une cour profitant de ses largesses.

Ava Gardner pour rester dans l'analogie de conte passe ainsi de la princesse capricieuse à la sorcière vieillissante avec une grande lucidité et l'intrigue va accentuer cette direction. Tom tombe en effet sous le charme de Janet (Stephanie Beacham) fille du pasteur local. Là aussi, McDowall tisse un parfum de légende, de destinée et d'inéluctable à leur passion par les effets appuyés accompagnant chacune de leur rencontre.

Le temps semble comme se figer lors de l'arrivée de Janet au château dès le moment où elle pose les yeux sur Tom à coup de ralentis avantageux et de gros plans sur le regard subjugué de la jeune femme, plus tard la rencontre en pleine lande écossaise s'affranchit de tout dialogues pour orchestrer leur rapprochement à coup d'image fixe, comme un roman photo filmé.

En opposition au stupre et à l'hypocrisie guidant la vie de la communauté au château, les mots et attitudes forcés sont inutiles pour exprimer la pureté de cette passion. Ian McShane adoptant jusque-là les attitudes de viveur antipathique parait enfin habité et voit ses traits juvéniles enfin mis en valeur quand Stéphanie Beacham allie magnifiquement sensualité et douceur immaculée. Le fait quelle soit fille de pasteur (joué par Cyril Cusack) offre d'ailleurs un envers symbolique entre religion et païen représenté par Ava Gardner.

En opposition, son pouvoir mis à mal va révéler toute la noirceur d'âme de Micki et l'envers du décor. On découvrira le sort peu enviable des précédents compagnons de Micki, congédiés quand elle s'en lasse où tués dans d'affreuses circonstances s'ils daignent la délaisser. Promis à son tour à ce funeste destin Tom va devoir subir le courroux de son ancienne amante. La dernière partie du film bascule quasiment dans le fantastique et prend un tour bien plus sombre. Ava Gardner devient véritablement une sorcière de conte, autant par son jeu outré que ses tenues extravagantes mais aussi les postures et cadrages menaçant où l'expose Roddy McDowall.

La photo de Billy Williams donne une allure baroque et cauchemardesque aux décors naturels et du château si bienveillant et bucolique en début de film et révélant leur vraies natures tandis que l'âme damnée de leur propriétaire s'affirme. La course poursuite finale est assez stupéfiante visuellement, les idées les plus folles s'entrechoquant pour un résultat flamboyant et ridicule, fascinant de too much.

Tom perdu et submergé par les "sortilèges" de Micki va se reposer sur le l'amour d'une Janet repoussant tous les démons nocturnes pour lui pour accomplir la légende. Une conclusion bluffante qui achève de faire Tam Lin une fascinante curiosité. A noter score envoutant de Stan Myers accompagné des chansons du groupe Pentangles dont la ballade de Tam Lin revisitée et croisant élans celtiques et influences indiennes psyché typique de l'époque.

  
Sorti en dvd zone  chez Olive et sans sous-titres

Extrait
 

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