Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 12 octobre 2013

Detention - Joseph Kahn (2011)

Adolescente paumée, Riley tente de survivre à la pression quotidienne d’un lycée complètement azimuté et frappé par un tueur tout droit échappé d’un authentique slasher. Mais l’établissement recèle aussi d’autres secrets…

L'ancien clippeur Joseph Kahn s'était fait connaître bien malgré lui avec un des plus beaux nanars des années 2000, Torque (2004). Ersatz à deux roues et encore plus décérébré de Fast and Furious le film était un plaisir coupable pour le spectateur mais une tâche embarrassante sur le cv de son réalisateur dont c'était le premier film et qui mettrait quelques années à s'en remettre. Ce n'est que huit ans plus tard que Joseph Kahn pourrait enfin signer un second film avec ce Detention financé en grande partie par ses propres économies. Detention s'avère tout autant un ovni que Torque mais dans le bon sens du terme cette avec un teen movie unique en son genre.

La survoltée séquence d'ouverture nous avertit des dérapages à venir avec la présentation d'une sorte de caricature monstrueuse de l'adolescente superficielle pom pom girls scotchée à son portable où Kahn nous égare dans un montage hystérique et une avalanche d'informations avant de brutalement interrompre le tout pas l'irruption d'un serial killer qui va violemment stopper la logorrhée vide de sens de la belle.

L'intrigue s'intéressera ensuite à une adolescente nettement moins populaire avec la complexée et attachante Riley (Shanley Caswell), secrètement amoureuse du rebelle Clapton Davis (Josh Hutcherson) que son ancienne meilleure amie et mordue des années 90 Ione (Spencer Locke) fréquente. Il faut un temps pour s'habituer au rythme infernal du film dont l'inventivité perdra les moins attentif rien qu'avec son générique utilisant tous les éléments de décors et vestimentaire dans sa présentation, tout comme les multiples références musicales.

On pense d'abord avoir une sorte de teen movie post moderne ultime où les connaisseurs du genre relèveront assez vite toute les référence : Trois heures l'heure du crime (Clapton Davis défié par la brute du lycée), évidemment Breakfast Club (des élèves aux personnalités antinomiques réunis en retenue commune), Fatal Games (mal être adolescent conduisant au meurtre et au suicide) et une bonne dose de Scream avec ce serial killer trucidant ses camarades et surtout la distance des lycéens sur les évènements conscients de ce qui fait d'eux une victime potentielle et les rend cool (être dévergondé et populaire selon les canons établis par Halloween et Vendredi 13).

Le film trouve sa propre identité par ses personnages et la façon de se réapproprier cette pluie de références. Les clichés attendus sont dans un premier temps malmenés pour rendre les héros plus consistants que les caricatures attendues avec une Riley certes mal dans sa peau mais pas sainte nitouche (hilarante scène de beuverie), le si insouciant Clapton Davis anxieux pour ses notes et son avenir et l'obsession pour les 90's de la si superficielle Ione va trouver une explication pour le moins surprenante.

Kahn donne même quelques respirations bienvenues à ce rythme infernal avec la ballade nocturne en skate-board de Clapton et Riley où on comprend que seules les entraves du paraître de ce monde lycéen les empêchent de concrétiser une complicité évidente.

Car en dehors de cela c'est dans le mouvement perpétuel et les allusions tous azimuts à la culture pop qu'avance Detention qui se relance à mi-parcours par un argument de science-fiction aussi cohérent qu'inattendu qui convoque cette fois l'esprit des Retour vers le futur de Robert Zemeckis. Film dans le film, voyage dans le temps et transfert de corps (et une autre référence de venir à l'esprit avec les deux versions de Freaky Friday avec Jodie Foster puis Lindsay Lohan) nous emmènent dans un ailleurs complètement déjanté où cette caractérisation initiale des héros servira de guide idéal face aux enjeux.

Ce qui nous aura éventuellement perdu dans les multiples ruptures de ton, de rythme et de visuel, on le comprend malgré tout par les problématiques des personnages et inversement. C'est l'occasion pour Joseph Kahn de déployer à bon escient (malgré les apparences foutraques) sa virtuosité avec notamment ce fabuleux plan-séquence où la caméra remonte le temps de la salle de retenue en variant look et atmosphère musicale au gré du travelling circulaire.

Detention est un film bien de son temps avec ce visuel qui convoque toute la panoplie des outils numériques, langages sms et réseaux sociaux à l'image (onomatopées de textos surgissant plein écran entre autres) tout en évoquant la propre nostalgie du réalisateur dont l'adolescence s'est déroulée dans les 90's. Ces va et vient traite un questionnement central du film à savoir l'insatisfaction par rapport à son époque et son environnement, la difficulté à affronter le présent qui parle autant aux adultes (le personnage de Dane Cook passant du directeur aigri à l'époux aimant et détendu une fois sa destinée modifiée, ) qu'aux adolescents avec l'obsédée des 90's (qui sans en dire plus joue sur les deux tableaux en fait) et bien sûr le couple Riley/Clapton.

C'est ce mal être qui tirera les protagonistes vers des solutions extrêmes, des refuges factices où la plénitude au bout de ce périple éreintant mais si plaisant qu'est Detention, film culte en puissance.

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony

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