Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 9 avril 2013

Règlement de comptes - The Big Heat, Fritz Lang (1953)


À la suite du suicide d'un de ses supérieurs, le détective Dave Bannion prend conscience du degré de corruption qui règne chez ses collègues, dans sa hiérarchie et dans le monde politique. La pègre locale décide de le supprimer en piégeant sa voiture, mais c'est sa femme qui meurt dans l'explosion. Aidé d'une amie d'un des criminels, Bannion se lance alors dans une croisade qui va l'amener aux frontières entre justice et vengeance.

Un des sommets de la période américaine de Lang où l'urgence du polar va donner une belle intensité dramatique à ses thèmes de prédilection que la vengeance où le héros seul contre tous. Le scénario déploie ici une spirale implacable où tous s'agence vers une inéluctable tragédie. Dave Bannion (Glenn Ford) sera ici le grain de sable venant troubler le cycle de la corruption ordinaire en s'intéressant de trop à ce qui s'apparente à un suicide banal. Mais le suicidé est un policier et comme l'intrigante introduction nous le montre, il détenait un secret qui va s'avérer lier sa veuve (Jeanette Nolan), le nabab Mike Lagana (Alexander Scourby) et la police locale. Trop confiant, Bannion va laisser filer un indice qui causera la mort d'une innocente et éveillera sa curiosité et sa détermination.

Lang dépeint là un monde corrompu où la paranoïa est de mise pour le héros Glenn Ford de plus en plus menacé, des avertissements de ces supérieurs douteux au coup de fil anonyme jusqu'à une agression plus concrète qui va en faire une figure vengeresse typique du héros langien. Là comme souvent en voulant se faire justice le personnage finit par dangereusement ressembler à ce qu'il pourchasse. Lang usant de sa figure du double crée donc le temps d'une scène au mimétisme entre l'homme de main sadique joué par Lee Marvin et Glenn Ford s'apprêtant à étrangler l'odieuse veuve.

On pense (en beaucoup moins fouillé) au même mimétisme qui s'opérait entre Arthur Kennedy et Mel Ferrer dans son western L'Ange des Maudit et comme dans ce dernier, la solution viendra d'un personnage féminin sacrificiel, Marlène Dietrich dans le film de 1952 et ici par une magnifique Gloria Grahame. Fiancée frivole de la brute épaisse Lee Marvin, elle est très convaincante dans sa prise de conscience où elle s'offre une rédemption morale poignante contrebalancé par une terrible déchéance physique.

Lang tourna le film dans la durée record de quinze jours et cette urgence se ressent dans le rythme trépidant du film mais aussi dans son côté un peu schématique (les scènes familiales sont trop appuyées pour que l'on ne se doute pas qu'un drame va arriver, même si le moment d'attente au moment du rebondissement en question est magnifiquement géré par Lang). Le casting impeccable rattrape largement ce petit défaut avec un Glenn Ford menaçant mais toujours auréolé de ce petit soupçon d'humanité qui l'empêche de basculer, Lee Marvin pas si souvent en action mais qui convainc sans peine de sa perversion et bien sûr Gloria Grahame magnifique. Un tout bon Lang.

Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia


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