Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 16 mars 2012

Le Viager - Pierre Tchernia (1972)


En 1930 à Paris. Léon Galipeau, médecin généraliste à la compétence discutable, ausculte Louis Martinet, célibataire de 59 ans. Persuadé que son patient n'a que deux ans tout au plus à vivre, Galipeau convainc son frère Émile d'acquérir en viager la maison de campagne que possède Martinet dans un petit village de pêcheurs inconnu : Saint-Tropez. Confiants dans leur affaire, les deux frères acceptent même d'indexer la rente viagère sur le cours d'une valeur pensent-ils sans avenir : l'aluminium. Alors que les années passent, non seulement Martinet garde bon pied bon œil mais encore reprend-il vigueur et entrain sous le soleil du Midi.

C'est un véritable coup de maître comique que signait Pierre Tchernia avec sa première réalisation Le Viager. Le pitch est aussi simple que savoureux. Le vieil ouvrier usé et condamné Louis Martinet (Michel Serrault) va donner du fil à retordre à la famille Galipeau qui avait acquis sa maison de campagne en viager. L'air de la campagne ragaillardi le vieillard de plus en plus vigoureux tandis que l'investissement s'avère désastreux pour les Galipeau qui dans leur grande assurance avait indexé la rente sur la valeur (hélas) montante de l'aluminium. Autour de cet argument, Pierre Tchernia et son scénariste René Goscinny tissent un récit ludique, drôle et sacrément grinçant.

La simplicité et la gentillesse de Léon Martinet s'oppose ainsi constamment à l'arrogance des Galipeau dans une histoire survolant les soubresauts de l'Histoire du début des années 30 jusqu'au 70's. On jubile donc devant les prédictions hasardeuses et délivrées avec aplomb par Léon Galipeau (Michel Galabru) sur la Guerre d'Espagne, le Front Populaire ou la ligne Maginot ponctué d'un sentencieux et hilarant Faites-moi confiance !. Tchernia accentue cette dimension comique en accentuant la chance et la résistance insolente de Martinet mise en parallèle avec la poisse et la déchéance des Galipeau.

Cela fonctionne à l'ironie (Martinet indestructible face à la vie nocturne parisienne quand l'épouse Galipeau succombera peu après à un infarctus), le burlesque pur avec des rebondissements finaux digne de Tueurs de Dame (la rambarde sciée énorme !) et une touche caustique grinçante irrésistible où les finalement peu recommandables ont toujours un train de retard avec le monde qui les entoure lors de dénonciations pour les mauvais motifs à l'Occupation et la Libération.

La naïveté et la bienveillance de Martinet (qui profite de son énergie retrouvée pour aider les autres) le sauve en toute circonstance tandis que les mauvaises intentions des Galipeau les desservent dans des proportions de plus en plus énorme pour notre plus grand plaisir dans cette lutte des classes revues et corrigée. Les duettistes Tchernia/Goscinny relancent constamment l'intérêt à coup d'idées narratives brillantes comme l'explication enfantine du viager dessinée par Gotlib ou la paranoïa française des espions allemands traduite par un Serrault nazi grimé en nonne, portier, instituteur (et le summum lorsqu'il demande de la place pour photographier les plans de l'état-major français).

Michel Serrault en petit vieux candide et bon pied bon œil offre un très grand numéro comique et est attachant de bout en bout, s'opposant parfaitement au survolté et fourbe Michel Galabru mais c'est tout la tribu Galipeau qui prête à rire quel que soit leur temps de présence comme Noel Rocquevert (dans son dernier rôle) en grand-père peu friand de boudin blanc. Et la chute avec la dernière génération Galipeau incarné par Claude Brasseur en loubard (et des apparitions de Gérard Depardieu et Jean Richard) conclu le tout en feu d'artifice, littéralement... Grand moment !

Sorti en dvd chez Citel Vidéo ou chez Studio Canal dans un coffret Tchernia comprenant "Les Gaspards" (déjà évoqué ici) et "La Gueule de l'autre" (bientôt sans doute en ces pages !).

Extrait avec Galabru le visionnaire ^^

3 commentaires:

  1. Et le second film de Tchernia "Les Gaspards" avec la même équipe (Serrault, Galabru et Goscinny au scénario) est tout aussi jubilatoire, à voir aussi j'en ai parlé récemment sur blog également. :-)

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  2. En effet, film jubilatoire!
    J'aime beaucoup l'humour de Tchernia, jamais méchant ni agressif, jamais complaisant... La comédie n'est pas un art facile...

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