Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 16 janvier 2012

L'Engrenage fatal - Railroaded!, Anthony Mann (1947)


Le hold-up d’une salle de paris clandestins tourne mal et un policier est abattu. Un coupable « idéal » est arrêté. L’inspecteur Ferguson mène l’enquête qui le mène vers un redoutable assassin.

Railroaded! s'inscrit dans la série des nombreux films noirs de série B dans lesquels se révéla Anthony Mann à la fin des années 40 avant d'accéder à des budgets plus prestigieux et montrer son brio dans d'autres genres tel le western dès la décennie suivante. Sans être aussi réussi qu'un Marché de Brute ou La Brigade du suicide, Railroaded! s'avère néanmoins tout à fait digne d'intérêt. Adapté d'un roman de Gertrude Walker, le film s'inspire néanmoins d'un fait divers commun au Appelez nord 777 d'Henry Hathaway (en tout point supérieur) avec le récit d'un accusé à tort du meurtre d'un policier au début des années 30 et qui après enquête fut finalement innocenté. La Fox menaça de procès la petite compagnie et Anthony Mann dû retourner de nombreuses scènes pour que la parenté entre les deux films soit moins prononcée.

Passée une remarquable ouverture sur un hold-up film avec sécheresse et efficacité par Mann, tous les aspects attendus d'un tel pitch sont abordés avec un minimum de conviction et d'implication. Malgré le soin apporté à l'intrigue policière (ou on retrouve dans une bien moindre mesure le côté documenter de T-Men pour l'aspect "police scientifique"), le fade faux coupable dont on ne s'occupe guère (Steve Ryan), sa très gironde sœur cherchant à l'innocenter (Sheila Ryan) et le flic propret menant l'enquête (Hugh Beaumont) manquent singulièrement de charisme et les scènes sont trop convenues et plates peinent à susciter l'intérêt.

L'attention de Mann ici est ailleurs, du côté obscur et trouble du personnage de tueur incarné par John Ireland (et dans une moindre mesure sa séduisante et torturée acolyte jouée par Jane Randolph étonnant sosie de Nicole Kidman très perturbant !). Le faciès sournois, sadique et inquiétant Ireland ajoute également toute une dimension fétichiste à son personnage. Celui-ci passe ainsi tout le film à caresser langoureusement le canon de son arme (dans un sous-entendu sexuel bien appuyé) dont il parfume carrément les balles et chacun de ses meurtres violents voit son arme tonner comme dans une explosion orgasmique frappante.

Mélange de calme menaçant et de tension prête à exploser, John Ireland confère un côté pulsionnel instinctif au film qu'il vampirise totalement. On arrive ainsi à tolérer ce qui est tout de même une énorme incohérence : pourquoi donc au lieu de faire profil bas ce tueur va-t-il conter fleurette avec la sœur de celui qu'il veut faire accuser à sa place ? On a la réponse un peu plus tôt dans une scène chargée de tension sexuelle où Ireland observe la Sheila Ryan de l'accusée se battre avec la principale témoin du meurtre. Tandis que les deux femmes se débattent en arrière-plan, Mann montre la silhouette d’Ireland jouissant littéralement du spectacle dissimulé dans un coin de l'appartement. Ainsi excité par la hargne de cette femme à innocenter son frère, il va donc tenter séduction risquée.

Ces facettes sortent Railroaded! des lieux communs du genre et le tout s'avère remarquablement filmé par Mann (outre le hold-up d'ouverture la confrontation finale est bien tendue bien que trop brève) avec une superbe photo de Guy Roe (et pas John Alton comme souvent) aux noirs profonds qui ne rendent que plus inquiétantes les apparitions de John Ireland. Bon petit film noir donc même si Mann a fait mieux dans le genre.

Sorti en dvd zone 2 chez Bach Film, et comme ce n'est pas forcément toujours le cas avec cet éditeur on signale que la copie est très bonne en plus.

Extrait

5 commentaires:

  1. j'ai marché à fond dans railroaded, et le tueur pathologique
    doit une partie de son relief à la platitude de ses protagonistes.

    J'ai vu T-Men qui est l'un des sept polars admirés de
    Mann. Mais le DVD n'était pas bon ou l'image sous exposée.

    J'ai ici son film avec Eric von Stroheim (que je n'ai, hélas pas vu très souvent : La Gde Illusion, Sunset Boulevard). Titre : LA CIBLE VIVANTE.
    Une question puisqu'il est impossible de vous écrire et d'aller vérifier un info sur Google. C'est lui ou l'autre
    dans LE GRAND FLAMMARION (mon éditeur préféré, quand Adam Biro dirigeait le département des livres d'art, il me faisait des contrats en or avec des droits d'auteur qui sont tombés régulièrement à Noel pendant
    10 ans).

    Vous me trouverez sans doute toujours aussi snobe si je vous dis que le critique OZUS est dithyrambique à propos de la BRIGADE DU CRIME. Ce T de T-Men signifie je pense TRESOR PUBLIC (Treasure).

    Est-ce que les snobs aiment passionnément les "FILMS NOIRS". Tout est possible !
    (Jetez un oeil sur la critique d'OZUS sur IMDB : cela vous fera plaisir)

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  2. non pas "de ses protagonistes", mais "des autres protagonistes". Il faut faire vite ici, si one veut pas que les feuilles s'envolent …

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  3. brigade du suicide !

    mais il existe bien une BRIGADE DU CRIME, non ?

    Répondez-moi SVP. Vous savez que je suis débutante!

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  4. Apparemment on ne trouve qu'une série allemande quand on cherche Brigade du crime sur google ^^. Par contre pas compris votre question en tout cas Erich Von Stroheim joue bien dans le film de Mann La Cible vivante dont le titre anglais est The Great Flammarion...

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  5. vous ne pouviez effectivement pas comprendre, car j'ai vu autrefois THE GREAT FLAMMARION en anglais sur Youtube et ne savais qu'il s'agissait du même (c'est souvent mon probleme avec ces titres français qui n'ont rien à voir avec l'original). J'étais prête à mettre ma main au feu et déclarer que FLAMMARION était bien VON STROHEIM, et prise d'un doute je me suis dit que je confondais sans doute avec E.G. ROBINSON (LITTLE CEASAR). Bref, le grand et le petit…

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