Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 15 septembre 2011

Trop tard pour les héros - Too Late the Hero, Robert Aldrich (1970)


En 1942, dans une île des Nouvelles-Hébrides, une patrouille britannique est chargée de neutraliser un émetteur radio situé dans la partie nord de l'île, occupée par les Japonais. Le lieutenant américain Lawson se joint à la patrouille. Les soldats s'élancent à travers la jungle pour ce qui s'annonce comme une véritable mission suicide.

Ultime incursion de Aldrich dans le film de guerre, ce film conclut en quelque sorte le cycle entamé avec Attaque et poursuivi avec Les Douze Salopards. On y retrouve certains thèmes tels que les supérieurs défaillants mettant en danger la mission (e personnage de Denholm Elliott) ou encore la réalité du terrain révélant la bassesse de la nature humaine (avec les soldats pris au piège prêts à répondre à l'appel du Japonais). La première partie évoque un peu le méconnu Enfant de salauds de André De Toth (on en reparlera bientôt ici), avec un Cliff Robertson véritable tir au flanc oisif, contraint bien à ses dépends de participer à une mission suicide aux côtés de l'armée britannique. La différence étant que ses compagnons s'avèrent aussi peu motivés que lui, le personnage blasé de Michael Caine en tête. Le générique annonce d'ailleurs la couleur : musique tonitruante sur fond de drapeaux américain, anglais et japonais, avant que l'hymne ne tourne au ralenti et que ces drapeaux ne finissent en lambeaux.

Le début est assez comique et détendu, avec un Robertson débraillé, revenant de la plage ou échangeant des blagues salaces avec son supérieur Henry Fonda. Les soldats anglais ne valent guère mieux, galerie de freaks occupant leur temps en pariant sur des courses de cafards donnant un sérieux coup à la rigueur de l’armée. Contrairement aux films précédents, le ver est cette fois dans le fruit : ce ne sont pas des pièces rapportées qui viendront semer la discorde, mais le corps même de l’armée, qui s’avère déphasé. Une nouvelle fois, l‘usure d’une guerre du Vietnam aux enjeux concrets peu galvanisant pour le soldat s’inscrit en filigrane.

Dès l'entame de la mission, Aldrich distille une atmosphère des plus tendue et parvient à livrer nombre de situations originales telles que cette erreur stratégique voyant le commando s’entretuer à cause d’un placement malheureux lors d’une embuscade. Après un déroulement assez classique, devenir palpitant dans la seconde partie, avec nos héros traqués dans la jungle par les Japonais et se voyant soumis à de cruels dilemmes.

Ses membres étant amenés à choisir entre leur instinct de survie et leur patriotisme, le commando se désagrège et les vraies natures se révèlent, avec un surprenant revirement de Robertson, dont la culpabilité fait ressortir les vertus héroïque. Une belle idée que ce chef japonais (joué par le grand Ken Takakura) les harcelant et semant la discorde quand il les interpelle dans la jungle avec ses haut-parleurs, tel une mauvaise conscience venant titiller leur lâcheté. Aldrich semble avoir opéré différemment cette fois, en exposant longuement les mauvais penchants et la lâcheté de son personnage principal avant de lui offrir la stature des grands héros dont il désirait s’éloigner dans Attaque et Les Douze Salopards.

On ressent ainsi le grand frisson lors du final, où Caine et Robertson (qui lancera à Caine un mémorable « You zig, I zag » avant d’entamer la course folle), pilonnés par les Japonais, doivent traverser un champ à découvert pour rejoindre leur camp, encouragés par leurs camarades et la musique galvanisante de Franck De Vol. Robertson devient ainsi, par la force des choses, une icône, se détache en tant qu’individualité alors que les précédents films vantaient les vertus collectives d'un groupe soudé.

Certainement pas plus patriotique que ses autres films de commando, Trop tard pour les héros met une nouvelle fois le manichéisme à mal, et ce n’est que quelques minutes avant la conclusion qu’il faudra le chercher, lorsque Caine et Robertson tuent Takakura qui avait pourtant épargné leurs compagnons, malgré le chantage qu’il avait opéré. Derrière le héros se cache toujours un secret où un acte inavouables.

Sorti en dvd zone 1 chez MGM et doté de sous-titres français

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