Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 28 août 2011

La Prisonnière Espagnole - The Spanish Prisoner, David Mamet (1997)


Joe Ross, jeune inventeur d'un mystérieux procédé susceptible de faire la fortune de ses employeurs, est inquiet et craint de se faire avoir par ces derniers. Une rencontre, apparemment fortuite, avec l'homme d'affaires Jimmy Dell renforçant ses doutes...


Du milieu à la fin des années 90, l’interrogation sur la réalité du cadre ou des personnages qui nous entourent semble être un thème de prédilection qui donnera de grands films dans des genres très divers. Cela va de la fable The Truman Show (1998) au thriller Ouvre les yeux (1997), en passant par la SF de Matrix ou le polar culte Usual Suspects. C’est d’ailleurs vers l’horlogerie suisse de Bryan Singer (mais aussi du The Game de David Fincher, sorti la même année) que tend cette Prisonnière Espagnole, un des tout meilleurs films de David Mamet.

Mamet évite volontairement l’esbroufe des films précédemment cités pour faire reposer son intrigue manipulatrice sur sa brillante écriture, qui évoque plutôt un exercice hitchcockien. En effet, l’argument du film a tout du fameux McGuffin si cher au Maître du Suspense, avec un système révolutionnaire dont on ne saura rien si ce n’est l’attention certaine qu’il provoque chez divers êtres peu recommandables. Son créateur Campbell Scott va donc devoir se méfier de tout et de tout le monde lors d’une première partie paranoïaque à souhait, où rien ne semble ce qu’il paraît être, où chaque regard, phrase où élément anodin va se révéler le rouage d’une redoutable machination.

David Mamet, qui avait déjà fait montre d'un certain brio pour ce type de récits alambiqués avec son brillant Engrenages (1987), donne ici dans le pur exercice de style où il n’oublie cependant de faire exister ses personnages. On devine ainsi les origines modestes et l’ambition du héros, sur lesquels sauront jouer ses ennemis, Rebecca Pidgeon, qui compose un attachant personnage de secrétaire amoureuse…

L’autre force du film est de ne céder à aucun canon du grand spectacle. L’atmosphère est ici feutrée, amicale (la photo chaleureuse de Gabriel Beristain) et le trouble ne perce que fort discrètement dans les notes de Carter Burwell. En ce sens, Mamet applique avec talent de manière cinématographique le principe de la prisonnière espagnole, vraie et très ancienne méthode d’escroquerie reposant sur la mise en confiance et la création de lien affectif avec la victime.

Le film, propret et sans aspérités, ne nous cueille donc que plus brillamment lorsque les éléments du puzzle se dévoilent, bien aidé par le double jeu d’un sacré casting où on trouve notamment Steve Martin, Ben Gazzara ou Ed O’Neill. L’une des grandes réussites de son auteur.

Ressorti récemment en dvd zone 2 chez Carlotta

1 commentaire:

  1. Vraiment oui, ce film est très réussi. Vous ne comprenez pas tout à la première vision... donc vous le revoyez... et vous admirez la manipulation! Scénario très intelligent!
    "Engrenages" est aussi passionnant; j'ai particulièrement aimé le jeu de l'actrice principale Lindsay Crouse, ainsi que Joe Mantegna (qu'il faut aussi absolument voir dans "Homicide").

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