Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 23 août 2010

L'Adieu au Roi - Farewell to the King, John Milius (1989)


1945. Deux officiers anglais, le capitaine Nigel Fairbourne et le sergent Tenga, sont parachutés dans la jungle de Bornéo. Ils ont pour mission d'obtenir l'aide des tribus indigènes pour rejeter l'occupant japonais. Ils sont bientôt encerclés par des chasseurs de têtes, capturés et conduits au village de leur chef. A leur grande stupeur, il s'agit d'un homme blanc. Il est américain, il s'appelle Learoyd, il est devenu le roi.

John Milius n'avait jamais caché son mécontentement quant au traitement administré par Coppola sur son scénario d'Apocalypse Now. En adaptant ici le livre de Pierre Schoendoerffer au point de départ proche d'Au coeur des ténèbres de Conrad dont s'inspirait Coppola (un blanc s'enfonce au fond de la jungle en temps de guerre pour y devenir roi d'une peuplade sauvage) c'est l'occasion pour lui de donner sa vraie vision d'Apocalypse Now. Et effectivement la personnalité de Milius, amateur d'armes, de figure militaire légendaire et pour qui le retour à un instinct guerrier transcende l'homme, ce retour à la nature est radicalement différent que l'odyssée au confins de la folie de Coppola.

Learoyd soldat abandonné e en plein doute au début du film est un être transfiguré 3 ans plus tard. Là où un Colonel Kurtz avait créé au fond de la jungle un enfer équivalent à son esprit torturé, Learoyd loin de la civilisation se crée un havre de paix où il règne avec sagesse et où il s'est parfaitement assimilé. Ayant déjà montré qu'il pouvait tirer la quintessence d'un récit épique avec Conan le barbare où d'y élever une intrigue plus intimiste avec Big Wednesday, Milius confère à tout son récit l'aura de haut faits légendaires. Le flashback où Learoyd racontent aux officiers anglais la manière dont il s'est intégré puis élevé roi auprès des indigènes avec la voix off habitée de Nick Nolte et la mise en scène de Milius donnent des allure de gestes épique au récit de Nolte.

Il en va de même pour les ennemis japonais que doivent affronter les héros, entouré d'une dimension mystérieuse et quasi fantastique tel sa pratique du cannibalisme sur l'ennemi ou encore son Colonel traversant la jungle sur un cheval blanc (et un premier duel déroutant avec Nick Nolte où il se volatilise étrangement). L'amitié et la confiance indéfectible se scelle donc au contact cette nature accueillante et au combat, à travers la belle relation entre Nick Nolte (incroyablement habité et noble une prestation fascinante) et l'officier anglais joué par Nigel Havers.

C'est lorsque la civilisation,son hypocrisie et ses traitrise les rattrape que tout se gâte dans la dernière partie où le paradis semble perdu à jamais mais Milius dans une dernière image sublime dessine définitivement les contours de la figure majestueuse du dernier roi de l'île de Borneo en le montrant s'éloignant pour de bon de la civilisation libre. Impressionnant de bout en bout dans ses thématiques et sa mise en scène (on a rarement vu la jungle de cette façon) et porté par un score puissant de Basil Poledouris, un des meilleurs films de John Milius.

Disponible uniquement en dvd zone 1 et doté de sous-titres français

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