Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 2 août 2010

Fleur Secrète - Hana to hebi, Masaru Konuma (1974)


La sublime épouse d'un PDG refuse de se soumettre aux fantasmes de son mari. Frustré, ce dernier demande à l'un de ses employés modèles, dont la mère fut, après la Seconde Guerre mondiale, une "maîtresse" réputée, de l'initier à des plaisirs interdits.

A la fin des années 60, les grands studios japonais comme la Toei ou la Nikkatsu se trouve face à une impasse. Le grand public se détourne des salles de cinéma pour la télévision à la proximité moins coûteuse. Fait unique dans l'histoire du cinéma, les studios décident alors pour se relancer de donner dans le cinéma érotique sous l'appellation Pinku Eiga. Tout le personnel rôdé techniquement sur des production de prestige est donc sommé de passé à cette nouvelle mode ce dont résultera des films luxueux à la réalisation raffinée et inventive aux antipodes des bas instincts primaires et financiers qui ont motivés leur production. Chez nous l'exemple le plus prestigieux et connu reste L'Empire des sens de Nagisa Oshima.

Sur le fond aussi règne un grand paradoxe : les films sont produits par et pour un public masculin (le Pinku Eiga relancera effectivement les studios pour un temps) et donne dans les excès divers typique de la libido japonaise (plus timorée ou plus libérée que l'occidentale selon les points en tout cas très différente). Pourtant les plus réussies de ses productions parviennent à délivrer un vrai et surprenant message féministe.

Fleur Secrète est une des grandes réussites du genre au pitch des plus tordu avec cet employé de bureau impuissant suite à un traumatisme d'enfance contraint de "dresser" la femme frigide de son patron incarné par Naomi Tani. De là va naître la plus improbable des histoires d'amour et récit d'initiation quand Naomi Tani va prendre goût au "traitement" et l'employé retrouver sa virilité grâce à ses pratiques radicales. Une bonne dose d'humour et de second degré se tapi sous les excès portée par une prestation flamboyante de Naomi Tani qui passe de victime subissant les derniers outrages à totalement lubrique et nymphomane dans la dernière partie du film, avec un égal talent. Les situations scabreuses sont plus excessives dans l'idée que dans l'illustration (érotisme soft plus que pornographie car limitée par la censure japonaise interdisant par exemple la vision des sexe masculin/féminin tabou local) même si le récit va assez loin dans les déviances sexuelles tel du SM, bondage, scatologie, saphisme. Rien d'étonnant quand on sait que c'est une adaptation d'un roman de Oniroku Dan, écrivain japonais spécialisé dans les écrits porté sur le fétichisme. Le succès du film entraînera d'ailleurs foule d'autres adaptations.

C'est la réalisation de Konuma tour à tour caressante, voyeuriste ou décalée qui guide un film visuellement très élégant (cadrage, photo de toute beauté). La thématique est typique des canons cités auparavant, machisme très discutable à travers l'humiliation du personnage féminin, contrebalancé par un féminisme puissant lorsque l'héroïne libérée sexuellement s'impose et dicte sa loi au hommes du film en conclusion. C'est à cet équilibre que tiennent les meilleurs film du genre, entre putasserie racoleuse et vrai message.


Trouvable en dvd zone 1 doté de sous titre anglais, sinon d'autres films intéressant de Konuma en costumes sont sorti en dvd zone 2 français. Pour qui souhaite aprofondir sur le Pinku Eiga l'éditeur Wild Side a récemment lancé une collection et HK Vidéo a sorti quelques titres également.

Bande annonce française un peu racoleuse et pas complètement dans l'esprit du film...

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