Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 9 août 2010

Faut-il tuer Sister George - The Killing of Sister George, Robert Aldrich (1968)


Sur le petit écran Sister George est une avenante vieille dame qui prodigue conseil et bonne humeur dans le feuilleton familial rural Applehurst. Dans la réalité il en va tout autrement de son interprète June Buckridge (Beryl Reid), lesbienne, alcoolique, caractérielle, jalouse et égocentrique. Lorsque suite à ses provocations son rôle se voit menacé de disparition, June perd lentement pied et mène la vie dure à sa petite amie Childie (Susannah York).

Les travers du monde du spectacle constituent une thématique récurrente chez Aldrich qui à cette époque lui a déjà consacré trois films, Le Grand Couteau, Mais qu'est il arrivé à Baby Jane? et Le Démon des femmes (celui ci sortit la même année que ce Sister George). Après Hollywood et le théâtre, c'est au milieu des séries télévisées que Aldrich consacre son portrait au vitriol en adaptant une pièce de Frank Marcus. Ego surdimensionné, phrases assassines assenée de visu ou en messe basse, rivalités de tout les instants, tout les aspect néfastes habituels sont ici accentués par l'urgence continuelle d'un show tv dépendant de l'audimat et pour les acteurs, de la popularité des personnages qu'ils incarnent.

Les acteurs se confondent bien plus avec leur double télévisé que dans d'autres cercle artistique après plusieurs années d'interprétation au quotidien et lorsque celui ci est amené à disparaitre c'est forcément une partie d'eux même qui meurt également. June en est un parfait exemple, la plupart de ses connaissances ou des passant l'appelant désormais "George".

On assiste donc à la lente et inéluctable descente aux enfers professionnelle et intime de June, entre les humiliations diverses sur le plateau et l'enfer qu'elle fait vivre à Childie, femme enfant incarnée avec une belle fragilité Susannah York. Aldrich retrouve la tonalité théâtrale (voir même du soap opera tv que Aldrich parodie en reprenant les codes par instants) et outrancière de Baby Jane lors de ses joutes domestiques à la violence psychologique insoutenable où le caractère dominateur de June explose littéralement. Beryl Reid livre une prestation incroyable : grotesque, pathétique pitoyable et détestable, le goût d'Aldrich pour les interprétations outrancière (à la manière d'un kubrick poussant souvent ses acteurs dans se sens) atteint ici des sommets.

Autre grande audace, illustrer ouvertement et sans sous entendus une relation lesbienne. Celle ci est vu sous un jour néfaste (voyant Aldrich accusé à tort d'homophobie) surtout pour démontrer la schizophrénie latente de June entre la grenouille de bénitier de l'écran et la réalité, et Aldrich se plaît à profiter de la censure plus souple pour montrer le temps de quelques séquences le milieu homo underground londonien de l'époque (sans parler d'une scène hors champ sacrément osée où June éméchée fait des avances poussées à deux jeunes nonnes....).

Tout racolage inutile est évité, la vraie scène saphique intervenant en conclusion pour montrer que les carrières se font et se défont par l'intermédiaire du sexe ou du pouvoir. Sans ces deux atouts, survivre dans ce milieu s'avère très précaire comme le démontre un final terrible et désabusé. Encore un excellentissime Aldrich, auquel on peut juste reprocher (un peu comme Baby Jane en fait) une durée un poil excessive pour ce qu'il raconte (2h20 tout de même).

Uniquement disponible en dvd zone 1 chez MGM doté de sous titres français.

Extrait de la fameuse séquence avec les nonnes...

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